Les usines d’incinération, moteurs de la réindustrialisation écologique ?

Le projet de Plan déchets 2014/2025 prévoit l’amélioration des performances énergétiques des unités d’incinération d’ordures ménagères (UIOM). Comment y parvenir ? Notamment via des partenariats gagnant/gagnant entre les collectivités et les acteurs économiques. Tour d’horizon des solutions dans l’atelier 5 des prochaines Assises des déchets.

À l’horizon 2025, le projet de Plan déchets prévoit une capacité nationale d’incinération de déchets identique à celle d’aujourd’hui et l’amélioration de l’efficacité énergétique des usines d’incinération d’ordures ménagères (UIOM). « Il faudra fermer les UIOM sans valorisation énergétique et améliorer les usines qui n’atteignent pas une performance suffisante« , explique Muriel Olivier. « On sait produire de l’énergie. Mais pour l’utiliser, c’est plus compliqué…« 

Directrice des relations institutionnelles pour Veolia Recyclage & Valorisation des déchets France, elle pilote l’atelier 5 des Assises des déchets, intitulé « Optimiser l’efficacité des UIOM ». Il permettra de livrer un tour d’horizon sur les freins et les leviers pour atteindre les objectifs fixés par le Plan déchets.

Saturation des équipements et production d’électricité

La capacité actuelle des UIOM est adaptée au volume des ordures ménagères, qui diminue. En visant leur saturation, on peut les utiliser aussi pour les déchets tiers, issus d’activités économiques. Une manière simple d’optimiser le rendement d’une unité, et une source de revenus supplémentaires pour les collectivités.

Avec des équipements récents, il est également possible d’atteindre les objectifs d’efficacité énergétique en produisant de l’électricité à partir de la chaleur issue de l’incinération. Mais la meilleure solution est de mettre en place des synergies qui permettent de valoriser directement la chaleur, sans transformation.

Trois initiatives pionnières

Ces dernières années ont été menées plusieurs initiatives réussies de réutilisation de la chaleur produite par des UIOM. Lors de l’atelier, le témoignage du Sigidurs (Syndicat mixte pour la gestion et l’incinération des déchets urbains de la région de Sarcelles), qui a créé un réseau de chaleur urbain, permettra de présenter une solution adaptée pour de nombreuses villes.

Dans les milieux ruraux, la chaleur peut être utilisée par des acteurs agricoles. C’est ce que fait le Sidepaq (Syndicat intercommunautaire d’incinération des déchets du pays de Quimper) qui étudie actuellement des débouchés pour une utilisation constante toute l’année, y compris en été, par exemple pour le séchage de productions agricoles.

Troisième exemple, adapté aux zones industrielles : celui d’Artois Comm. (Pas-de-Calais). L’usine d’incinération vend la chaleur à une industrie de la filière chimique, Croda, qui de son côté l’alimente en eau déminéralisée. Un partenariat efficace, et la présence de l’UIOM a constitué un argument en faveur du territoire lors de l’implantation de l’usine. L’entreprise pouvait en effet bénéficier d’une énergie à un prix compétitif et avec une visibilité dans le temps.

Impulser une nouvelle dynamique

Ces initiatives sont isolées et les UIOM représentent en fait un potentiel énergétique encore trop peu exploité. « Beaucoup sont éloignées des consommateurs de chaleur et des établissements publics implantés à côté d’une UIOM ont même leur propre chaufferie« , constate Muriel Olivier. « Nous n’avons pas trop la culture d’attirer des acteurs économiques pour consommer la chaleur disponible, alors que c’est une excellente manière de mettre en œuvre une réindustrialisation écologique de la France.« 

 

AT5 : Optimiser l’efficacité des UIOM

L’atelier 5 des Assises des Déchets portera sur les enjeux des UIOM et se tiendra le mercredi 23 septembre à 14h30.

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