Déchets du BTP : les acteurs s’organisent

Ecoconception, déconstruction plutôt que démolition, économie circulaire, labels, innovation… Les acteurs démultiplient les chantiers opérationnels autour des déchets du BTP, qui représentent un gisement de  227 millions de tonnes par an. Compte-rendu de l’atelier 8 des Assises.

L’éco-conception

C’est déjà une réalité, avec par exemple les « bâtiments zéro déchet » réalisés avec des composants issus du recyclage et du réemploi. Ils sont démontables et constituent des mines de matériaux qui pourront être réutilisés lorsque l’immeuble sera modifié ou déconstruit. Il faut néanmoins amplifier le mouvement, communiquer davantage pour sensibiliser la maîtrise d’ouvrage à prescrire autrement,  intégrer  les nouvelles réalisations dans les démarches de certification, et faire en sorte qu’elles soient bien garanties par les assurances, ce qui n’est pas assez le cas actuellement.

Les diagnostics avant travaux

C’est un outil déterminant pour maximiser la prévention et le recyclage. Malheureusement les diagnostics réglementaires peinent à se généraliser. Un faible pourcentage des chantiers concernés les réalisent , de l’ordre de 10 %, et l’utilisation des diagnostics existants n’est pas optimale. Les acteurs prônent une plus grande sensibilisation des maîtres d’ouvrage, et affirment le besoin de formation et qualification accrues pour les professionnels qui interviennent pour les diagnostics.

Les marges de progrès de la déconstruction

Il faut avancer vers une véritable déconstruction sélective des ouvrages avec un tri de qualité, une vraie traçabilité des matériaux, et surtout une réflexion au-delà des seuls déchets inertes. Ceux-ci représentent certes les plus gros flux, permettant probablement à eux seuls d’atteindre les objectifs de 70 % de recyclage. Il serait pourtant dommage de ne pas traiter le potentiel des flux du second œuvre, encore peu valorisés. La labellisation des artisans, la formation, la diffusion de guides de bonnes pratiques comme la CAPEB l’a fait, la mise en place de points d’apports volontaires dans les structures de distribution de matériaux sont des pistes prometteuses. Sans oublier les aspects économiques : la TGAP dissuasive sur l’enfouissement des déchets est une piste qui ne fait pas consensus, à la différence d’une fiscalité incitative basée sur le CO2 évité.

Blocages réglementaires et Label qualité

Beaucoup de matériaux  issus du BTP sont déjà recyclés, notamment dans les routes. Augmenter la part de recyclage des déchets nécessite de lever des blocages d’ordre réglementaire qui freinent la mise en place d’un marché pérenne de ces matériaux alternatifs. La mise en place d’un label qualité pour les opérations d’aménagement réalisées avec des déchets recyclés pourrait contribuer à sécuriser ces opérations et donc à les développer. Dans le domaine de la construction, la publication d’un guide sur l’utilisation de déchets comme matériaux alternatifs en construction devrait également constituer un bon levier, si le niveau d’exigence sur les déchets n’est pas disproportionné  par rapport à celui portant sur les ressources naturelles qu’ils remplacent.

Économie circulaire et plans régionaux

La mise en relation entre les parties prenantes est encore à améliorer pour favoriser les boucles d’économie circulaire. Les travaux d’élaboration des plans régionaux, avec leurs volets prévention et économie circulaire, pourraient favoriser la rencontre de l’offre et de la demande et sensibiliser les donneurs d’ordres publics et privés, sans pour autant déstructurer les activités et emplois existants.

Pistes d’innovation

Elles sont nombreuses : l’extension de la dynamique du BIM (Modélisation des Informations du Bâtiment) au génie civil et l’inclusion de la notion de recyclabilité dans ces travaux, la création de filières pour tous les petits flux du second œuvre difficiles à recycler, la formation des acteurs aux outils numériques et cartographiques, la mise en place de plates-formes d’échange, un travail de cartographie matérialisant les points d’apport et favorisant la mise en relation entre les utilisateurs de matériaux et les producteurs…

En conclusion les acteurs ont commencé à s’organiser, mais ils doivent davantage interagir  et continuer à innover pour créer des boucles d’économie circulaire, et relever les défis des années à venir.