La technologie au service d’une économie circulaire innovante

L’innovation est déterminante dans la transformation des métiers du déchet, et l’atelier 3 des prochaines Assises des déchets s’intéressera aux atouts et aux limites des nouvelles solutions qui émergent. Comment peuvent-elles permettre d’aller plus loin et quel est leur impact environnemental ?

Depuis quelques années, les professionnels de la gestion et du traitement des déchets voient de nouvelles technologies apparaître sur l’ensemble de la chaîne de valeurs. “Les métiers se sont transformés avec la problématique émergente de l’économie circulaire”, constate Raphaël Guastavi, directeur adjoint économie circulaire à l’Ademe. “Il y a de plus en plus de technicité et une utilisation croissante de la technologie” :

GUASTAVI Raphael - 18e Assises des déchets
  • au niveau de la collecte, des camions avec des bras motorisés et des bennes avec des capteurs ;
  • des centres de tri qui ont été modernisés afin de traiter les déchets de manière beaucoup plus rapide grâce à une automatisation des flux et des capacités de reconnaissance de plus en plus fines. Par exemple, des études de R&D sont actuellement menées afin d’intégrer des tatouages numériques (watermarks) sur les emballages qui permettraient de les reconnaître automatiquement ;
  • des solutions robotiques et cobotiques pour démanteler les déchets et augmenter leur valorisation, parfois développées par les fabricants eux-mêmes comme Apple qui a mis au point une machine permettant de démonter différents modèles d’iPhone pour recycler les matériaux ;
  • des algorithmes et des outils d’intelligence artificielle pour décrypter les importants volumes de données récoltés et pour mieux détecter, caractériser et orienter la matière collectée ou triée.

Des outils pour affronter la complexité

Les déchets post-consommation sont de plus en plus complexes. Cela nécessite une amélioration constante des performances d’identification, de tri et de traitement”, souligne Manuel Burnand, directeur général de Federec.

BURNAND Manuel - 18e Assises des déchets

La complexité des déchets présente en effet des défis technologiques spécifiques, visant des composants collés, moulés ou scellés, ainsi que la présence de substances polluantes telles que les PFAS, les polluants organiques persistants et les retardateurs de flamme bromés ou halogénés. “L’intégration de solutions technologiques de pointe joue ainsi un rôle essentiel dans une meilleure valorisation des déchets, favorisant une économie circulaire plus robuste et réduisant l’empreinte carbone des filières industrielles”, affirme Manuel Burnand.

Une prise en compte globale des enjeux

Les nouvelles technologies peuvent s’avérer extrêmement utiles pour améliorer la gestion et le traitement des déchets, mais il est aussi crucial de mesurer leur impact écologique. “Nous avons mené plusieurs études, et notamment des mesures avec l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) qui ont permis de faire un état des lieux. Nous nous sommes rendu compte que le numérique représente 2,5 % de l’impact carbone de la France, 10 % de l’électricité consommée et environ 60 millions de tonnes de ressources utilisées par an !”, indique Raphaël Guastavi.

Cette évaluation de l’impact est néanmoins complexe à réaliser, car de nombreux facteurs interviennent tels que l’hébergement des données dans des data centers gourmands en ressources : il est donc difficile de quantifier les retombées positives du numérique ainsi que la prise en compte des effets rebonds. Pour cela, l’Ademe mène actuellement une étude sur l’impact net des solutions numériques qui permettent de décarboner d’autres secteurs économiques en évaluant les effets directs, les effets indirects et les effets rebonds.

Faire émerger de bonnes idées

Les Assises des déchets sont essentielles, car elles permettent d’échanger entre professionnels lors d’un moment privilégié et non par réseaux interposés. Cela permet de se rendre compte que des sujets sont partagés, de formuler des propositions et de faire émerger de bonnes idées. Nous pouvons aussi répondre en direct à des questions précises que se posent les professionnels, par exemple sur la réglementation liée à la loi Agec ou sur la sortie du statut de déchet.

Raphaël Guastavi, directeur adjoint économie circulaire, Ademe