Dans le cadre de la Loi de Transition Energétique, les centres de tri devront d’ici à 2022 se moderniser : l’extension des consignes de tri du plastique – 100 % des plastiques devront être recyclés sur 100 % du territoire – va en effet engendrer de nouveaux flux, plus conséquents, que 85 % des centres actuels ne sont pas en mesure de gérer. Synthèse des échanges de l’atelier 1.
La modernisation des centres existants et des centres de tri nouvelle génération est nécessaire. Cette transition suppose des investissements conséquents pour les acteurs de la filière, de l’ordre de 1 milliard d’euros. Et il faut penser de nouvelles organisations territoriales qui ne pourront se faire sans concertation.
Modernisation ou nouveaux centres : la bonne échelle territoriale
À l’heure actuelle, la France compte 220 centres de tri. Pour André Flajolet, vice-président de l’Association des Maires de France (AMF), cette situation ressemble plus à « un désordre établi qu’à un ordre prospectif ». De fait, les futurs centres devront être plus importants et plus rentables, à la fois pour accueillir des technologies de pointe et pour rayonner sur des bassins versants de 250 000 habitants ou plus, contre parfois seulement 30 000 actuellement. Pour Sylvain Pasquier, coordinateur de secteurs à l’Ademe, leur nombre devrait être ramené à 130.
Cela suppose des gisements élargis et de nouvelles coopérations territoriales. À ce titre, le syndicat de traitement des déchets Kerval (Ploufragan, Côtes-d’Armor) fait figure de pionnier depuis 2001. La fusion de 4 centres et des nouvelles technologies et méthodes permettent depuis lors de répondre aux impératifs avec un bilan économique très intéressant. Si les collectivités n’en sont pas toutes au même stade, Carlos De Los Llanos, directeur Recyclage chez Citeo (ex. Eco-Emballages) rappelle que des appels à projets échelonnés de 2018 à 2022 permettront de s’adapter aux différentes temporalités des acteurs, sans transiger sur les impératifs de qualité en sortie.
Une nécessaire concertation entre acteurs
Les centres de tri sont un maillon important en économie circulaire, et l’extension des consignes de tri représente une opportunité de meilleure valorisation matière, de création d’emplois et d’intégration accrue pour la filière. En 2022, le fait que 100 % des plastiques soient considérés comme valorisables facilitera le geste de tri des usagers, surtout si les collectivités accompagnent le changement par des campagnes de communication ciblées.
Comme le rappelle Hervé Sirena, délégué aux REP chez Suez Recyclage et Valorisation, les investissements nécessaires sont cependant conséquents. Pour tirer le meilleur profit de ces contraintes légales, les acteurs ont besoin de visibilité, notamment en termes de débouchés industriels. À ce titre, l’absence actuelle de valorisation des PET opaques souligne la nécessité d’échanges accrus entre les acteurs : cette situation aurait pu être évitée si les acteurs avaient collaboré plus étroitement en amont, dès l’éco-conception, pour anticiper au mieux l’évolution des besoins.
La nécessaire modernisation du parc des centres de tri est assurément un chantier d’envergure. Mais l’on pourra s’appuyer sur les exemples de la Belgique, de l’Espagne ou de l’Italie… qui l’ont déjà réussie !