100 % des déchets plastiques recyclés en France à l’horizon 2022 : voilà l’objectif ambitieux qu’impose l’extension des consignes de tri dans le cadre de la Loi de Transition Energétique. Si une part résiduelle de ces déchets ne peut pas faire l’objet d’une valorisation matière, des pistes techniques existent néanmoins pour en booster la recyclabilité et la question cruciale reste celle des débouchés : de nombreux freins restent à lever en termes d’image et d’intégration de la filière, mais également en termes de législation à l’échelon européen.
En France, 3200 plasturgistes sont spécialisés dans le recyclage et la valorisation des plastiques. Leur usage, leur durabilité et leur recyclabilité progressent chaque année et, comme le rappelle Jean Martin, délégué général de la Fédération de la plasturgie et des composites, la relative stabilité de leur prix en comparaison avec les matières vierges devrait être incitative.
Un déficit d’image toujours présent
Pourtant, chez les grands donneurs d’ordre, notamment dans les secteurs automobile et agroalimentaire, ils restent encore largement, et abusivement, perçus comme instables ou générateurs d’odeurs. De manière générale, les matières plastiques recyclées sont encore considérées comme devant être nécessairement moins chères que les matières vierges. Ce déficit d’image s’accompagne d’une insuffisante concertation des acteurs, notamment en amont de la chaîne, dès l’éco-conception : l’impossible valorisation des PET opaques est là pour le rappeler.
Vers une législation incitative ?
Christophe Viant, président de Federec Plastiques, estime que l’augmentation des flux pourrait créer 8 à 9 emplois par millier de tonnes entrantes dans le circuit de valorisation d’ici à 2022. Des mesures incitatives sont donc attendues par l’ensemble de la filière. « Désormais il devrait être interdit d’interdire l’utilisation des matières plastiques recyclées » estime Sylvia Blond, directrice de MPB Recyclage, et Camila Freitas-Salgueiredo, chargée de mission à la Direction Générale des Entreprises, rappelle que la Commission européenne travaille à une proposition de stratégie plastiques avec des mesures contribuant à mieux recycler et utiliser les plastiques au niveau européen.
Pour Michel Valache, président de 2ACR, ces mesures devront intégrer la prise en compte des bénéfices environnementaux et sociaux induits par l’utilisation de matière recyclée : quels que soient les types de reconfiguration, la tonne de matière vierge « évitée » et les emplois créés sont quantifiables et méritent d’être encouragés, notamment par le Fonds européen pour l’économie circulaire. Une législation adaptée et un travail de fond pour limiter toujours plus les fuites hors des circuits de valorisation pourraient donc rapidement transformer l’extension des consignes de tri des plastiques en formidable opportunité.