Introduction des Assises des déchets 2023 : « il faut davantage investir dans l’innovation »

Que l’on soit de la génération X, Y ou Z, on ne peut plus nier l’urgence : nous devons faire mieux. Ensemble. Et ça commence par de l’écoute et de la transmission. Plutôt que de longs discours introductifs, nous avons donc commencé ces 17e Assises des déchets par un dialogue entre élus et représentants de la génération montante.

LALLY GARRIGUE

Lally Garrigue est doctorante à l’école d’ingénieurs Builders et en alternance à l’entreprise Neveu, une PME familiale spécialisée dans le bâtiment et située en Gironde. Elle mène une thèse dont le sujet vise à valoriser les sarments de vigne en développant un matériau isolant pour le bâtiment.

Je ne comprends toujours pas pourquoi les produits ne sont pas automatiquement éco-conçus. S’il manque des solutions, il faut davantage investir dans l’innovation. Et il faut donner envie aux jeunes de s’impliquer, les former pour les aider à monter la marche. Le chemin est clair, mais pas encore les étapes, notamment car il y a des coûts importants. Je souhaiterais que l’innovation ait une place beaucoup plus importante, qu’il y ait des lieux totems dans les lieux publics pour que les projets innovants soient largement visibles de tous. Dans le secteur de la construction, j’espère que les normes vont s’ouvrir, que les assurances vont s’adapter pour accepter de nouveaux standards. 

Claire Thibaud

Claire Thibaud est référente de l’antenne nantaise de Wings of the Ocean, L’association créée en 2018 lutte contre la pollution plastique en agissant sur la dépollution des littoraux.

Il faut agir absolument sur les déchets sauvages, et notamment les mégots qui sont un véritable fléau. N’oublions pas que la majorité des déchets produits sur terre finissent en mer. En 2050, nous estimons qu’il y aura trois fois plus de plastique en mer que maintenant alors que la quantité est déjà affolante. Je pense que c’est extrêmement simple de faire évoluer les choses : il suffit de donner l’exemple comme le fait tout bon parent. Il faudrait également que les lois qui existent déjà soient appliquées. Je pense par exemple à tous les endroits qui accueillent plus de 300 personnes qui doivent normalement proposer un point d’eau afin que la gourde soit la norme. La majorité des conducteurs ont déjà reçu une amende liée à l’utilisation de leur voiture, mais combien d’entre vous ont déjà reçu une amende pour avoir jeté un mégot par terre ? Ramasser les déchets, c’est visibiliser la pollution, et notre association viser à aide les collectivités à identifier pollution pour mieux y remédier.

Jean-Michel Buf

Jean-Michel Buf est conseiller régional des Pays de la Loire, Maire de Blain et Président du Conseil national de l’économie circulaire qui a été créé en 2021. 

En région des Pays de la Loire, nous sommes dans l’action depuis de nombreuses années. Depuis 2018, plus de 200 projets ont été financés pour un montant global de 8 millions d’euros. À partir du moment ou un modèle peut se créer, nous essayons de le soutenir. Je pense par exemple à cette jeune femme de l’île d’Yeu, qui transforme des filets de pêche en boite à œufs. Nous avons cru en son projet, et aujourd’hui, c’est un modèle économique qui fonctionne. Il est rassurant de constater qu’il y a de nombreux projets, il faut désormais le fa.ire savoir via la communication. Les entreprises doivent aussi s’attacher à recruter des personnes de moins de 30 ans qui ont un œil nouveau et qui permettent d’aborder des thématiques qui peuvent nous échapper, par exemple sur les nouvelles technologies comme le digital. Aujourd’hui, le poste le plus demandé dans l’industrie en bac+5 est celui de manager en économie circulaire. Il faut donc faire coïncider la demande avec la formation. 

Mahel Coppey

Mahel Coppey est Vice-présidente de Nantes Métropole, en charge des déchets, de l’économie circulaire et de l’économie sociale et solidaire.

Nous avons des objectifs clairs à l’échelle de Nantes Métropole, notamment de réduire de 20% nos déchets à l’horizon 2030. Nous soutenons également des projets concrets comme Bout’ à Bout’ qui porte sur la consigne de bouteilles en verre. Grâce à l’accompagnement que nous pouvons apporter en complémentarité avec la Région, ce type de projet peut changer d’échelle. Nous avons la chance à Nantes d’avoir une partie de la jeunesse qui est engagée pour faire évoluer les choses. L’enjeu est donc d’aller chercher les autres : nous avons notamment un partenariat avec le Crous pour mener des actions ciblées, et nous menons également des actions de sensibilisation auprès des 2200 élèves d’écoles élémentaires de la métropole. La question des biodéchets est centrale, et j’espère donc que lors des prochaines Assises des déchets, en 2025, nous pourrons affirmer que chaque foyer de Nantes Métropole a son seau à compost et une solution de compostage à proximité.