« Le mot clé est la flexibilité » – Roberto CAVALLO

C’est une équation complexe que de pousser la prévention de la production des déchets sans engendrer des surcapacités de traitement et donc des déséquilibres financiers. Analyse de Roberto Cavallo, président de l’Erica, coopérative italienne spécialiste des enjeux environnementaux.

Pour développer la prévention sans créer de déséquilibres, il faut sans doute d’abord s’appliquer à suivre les indications de l’Europe, en particulier ce que les articles 9 et 29 de la Directive-Cadre 98/2008/CE demandent aux Etats Membres : il faut mettre en place des programmes de gestion des déchets qui intègrent la prévention et la préparation à la réutilisation, et donc tout simplement qui anticipent les enjeux de capacité des installations – traitement, récupération matière, récupération énergie, enfouissement – et programment leurs évolutions.

Si les installations sont déjà en place, il faut ainsi considérer les temps d’amortissement des investissements, le cas échéant évaluer une coopération entre territoires et régions limitrophes afin d’identifier un bassin géographique optimal qui permettra d’intégrer des mesures de prévention dans les futures programmations.

De toute façon, le mot clé est : flexibilité

Dans les schémas des installations de traitement, il faut choisir des technologies qui permettent de moduler les capacités et de changer, au moins partiellement, quand cela sera nécessaire le type de traitement. C’est le cas par exemple des centres de traitement mécaniques et biologiques : dans une première phase, ils peuvent traiter une certaine quantité de déchets urbains ; quand s’améliore la collecte sélective, ils peuvent être transformés en centre de compostage aérobie sans gros investissements.

Il est très important d’utiliser la même approche méthodologique pour le système de collecte. Un système en porte-à-porte doit ainsi se projeter vers la réduction des fréquences des collectes, qui pourra être l’heureuse conséquence d’une réduction des quantités à collecter, obtenue à travers diverses actions, et notamment un plan de prévention.

Au total, il apparaît que dans la définition des priorités des mesures de prévention, il faut considérer la liaison étroite entre collecte, transport, traitement et contrat d’un côté et système fiscal de l’autre. Seulement une planification qui intègre les différents niveaux permettra d’aboutir à un équilibre économique et financier complet. Du point de vue technique, un bon projet flexible doit par exemple être associé à un contrat de collecte ou de gestion des installations qui prévoit une redevance périodiquement renégociable. Du point de vue du citoyen ou de l’usager, à l’inverse, il faut que le prélèvement fiscal prévoie également une part variable, prenant en compte les quantités des déchets réellement produites et l’évolution du taux de collecte sélective. Le mot clé est donc bien celui de flexibilité : des installations, des technologies, des organisations, des bassins géographiques, des modes de financement…

 

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