Johanna Rolland

Intervention de Mme Johanna ROLLAND

présidente de Nantes Métropole

13e Assises des Déchets – 24/9/2015

Monsieur le conseiller régional,
Madame la vice-présidente de Nantes Métropole,
Madame la directrice générale de la prévention des risques,
Mesdames, Messieurs,

Tout d’abord, je suis très heureuse d’être avec vous pour cette seconde journée de la 13e édition des Assises des Déchets. Assises que nous avons une nouvelle fois le plaisir et la chance d’accueillir à Nantes. Deux jours de rencontres, de travail qui constituent un temps majeur d’échanges et de débats à l’échelle du pays sur des questions essentielles qui se posent dans le contexte d’aujourd’hui avec une acuité certaine.

A deux mois de la COP 21, ces questions revêtent une actualité particulière, chacun ici mesure les enjeux à venir de la COP. Objectif en dessous de 2° en terme de réchauffement climatique. Je voudrais partager avec vous ici d’abord une conviction : chacun mesure évidemment que pour tenir ces engagements, pour qu’ils soient effectifs, concrets, il faudra utiliser tous les leviers et qu’à l’évidence la question des déchets en est une majeure. Et en même temps, je crois que pour avancer sur ces sujets, nos territoires et notamment les grandes villes ont un rôle majeur à jouer. Je vous dirai quelques mots ce matin évidemment de l’expérience nantaise mais je voudrais surtout partager la conviction que si nos grandes villes sont, il faut le reconnaître, en partie responsables des enjeux climatiques tout simplement parce que aujourd’hui, et demain encore plus, elles concentrent à l’échelle de l’Europe et du monde la majeure partie des habitants, cela signifie aussi qu’elles recèlent en elles-mêmes les solutions, les potentiels parce que sur nos territoires, il y a cette synergie d’acteurs publics, privés, associatifs, citoyens engagés sur ces sujets et qui veulent relever ce défi.

Dans la préparation de la COP21, sur laquelle Nantes est particulièrement engagée, c’est donc cette voie que nous portons. A l’échelle nantaise évidemment mais aussi dans le réseau des métropoles françaises et puis au delà à l’échelle européenne puisque Nantes préside depuis quelques mois le réseau Eurocities et que nous avons fait de la transition écologique un des enjeux de la présidence nantaise d’Eurocities pour 2 ans.

Alors se contenter de traiter les déchets, on le sait bien aujourd’hui, ce n’est pas suffisant. Stocker comme on l’a trop longtemps fait est une source importante de gaz à effet de serre. Il faut donc en la matière changer de manière de faire. Favoriser la transformation et le réemploi des déchets. Ce qui me frappe dans l’évolution de la politique des déchets à Nantes mais plus globalement à l’échelle du pays c’est que petit à petit nous sommes passés collectivement d’une approche un peu segmentée, d’une approche en silo à un élément d’une stratégie globale. Que l’on parle économie circulaire, changement de modèle, des enjeux de transition, en réalité on voit que les déchets sont un levier stratégique, un levier pragmatique, concret, pour contribuer à l’élaboration d’un nouveau modèle.

Nos façons de produire, de consommer, de jeter sont donc directement concernées. La réduction, la gestion et la valorisation des déchets ont ainsi une place centrale dans ce défi. A Nantes Métropole ce n’est pas une question que nous découvrons. Depuis de nombreuses années, nous menons une action forte et résolue sur ce sujet, et je dois d’ailleurs dire que c’est une des raisons qui nous avait valu l’obtention du titre « Capitale verte de l’Europe » en 2013.
Trois objectifs : réduire la production des déchets, garantir l’efficience du service public et faire des déchets une ressource. Cette politique a produit des résultats tangibles, objectivés, mesurables. Concernant le premier objectif, la réduction de production de déchets entre 2008 et 2013, la production d’ordures ménagères par habitant a diminué de 36kg sur Nantes Métropole. C’est donc une année d’avance sur l’objectif de la loi grenelle qui fixait l’objectif de diminution de 7% de la production de déchets. Pour ce faire, nous avons besoin d’un service public mobilisé, d’un service public en recherche d’innovation permanente et en même temps de cette capacité à travailler collectivement sur une politique de communication de proximité, de sensibilisation. C’est tout le rôle des ambassadeurs du tri qui sont mobilisés auprès des écoles, des communes et des usagers. Plus de 31.000 personnes sensibilisées chaque année. Notre deuxième objectif, je l’ai dit, l’efficience sans cesse renforcée du service public et je voudrais devant vous saluer le travail mis en œuvre ces dernières années par les opérateurs pour s’adapter à l’évolution des services à l’habitant. Je le dis parce que dans une période ou parfois le service public est montré du doigt je crois que la capacité de mouvement permanent dans nos grandes collectivités sont sans doute la meilleure réponse à montrer que oui nous avons besoin d’un service public performant sur ces questions mais que nous en avons les moyens et les ressources parce que notre service public recèle ces compétences.  Je voudrais souligner les investissements d’Arc-en-ciel et Alcéa, les deux usines qui assurent le traitement des déchets dans Nantes Métropole. Leur modernisation a permis notamment d’optimiser la valorisation énergétique et de mieux maîtriser les rejets atmosphériques.

Je pourrais ainsi égrainer les résultats de notre action. Je crois que pour des Assises nationales cela n’aurait que peu d’intérêt. Il me semble que l’enjeu aujourd’hui est de pouvoir partager nos questionnements, les freins que nous rencontrons mais aussi les pistes de solutions. Nous avons pour ce mandat pris un certain nombre d’engagements concrets et je voudrais remercier la vice-présidente en charge des déchets, Michèle Gressus. Je sais que vous avez pu hier, pour celles et ceux qui ne la connaissait pas encore, découvrir son engagement et son enthousiasme sur les sujets. Je tiens devant vous à la remercier sur son engagement tout au long de l’année sur un sujet si important parce qu’il concerne tout d’abord les enjeux stratégiques de notre pays et de l’échelle européenne mais qu’il concerne aussi les enjeux du quotidien, de cette qualité de vie à laquelle les habitants sont ici si attachés. Alors Nantes Métropole s’engage d’ici 2020 à réduire de 10% les déchets ménagers par rapport à 2010. Cela représente -il faut mesurer l’effort sous-tendu- 45 kg par habitant en moins.

Mais pour suivre et approfondir notre action, c’est aussi être particulièrement attentif à passer de la gestion des déchets à leur valorisation, d’une logique où les déchets devaient être éliminés à une logique où ils deviennent des ressources à valoriser. C’est dans ce sens que Nantes Métropole s’est engagé dans l’appel à projet national “ territoires Zéro Gaspillage, Zéro déchets ”. Notre démarche se veut innovante, créative, collective pour parvenir à une réduction et une valorisation maximale dans une dynamique d’économie circulaire. Je crois que sur un sujet aussi ambitieux personne ne peut agir seul. A une grande collectivité comme la nôtre, la responsabilité de fixer le cap politique, stratégique et de créer les conditions de la bonne mise en synergie de l’ensemble de l’éco-système qui travaille avec nous sur ce sujet.

Nous avons plusieurs exemples concrets :

  • la collecte pour le compte de Nantes Métropole par deux associations d’insertion professionnelle : Arbres et Oser forêt vivante de plus de 2.000 tonnes de papiers et cartons chaque année auprès d’administrations et de professionnels
  • la collaboration avec neuf déchetteries qui disposent d’un espace de dons en lien avec des structures locales de l’économie sociale. Celles-ci, Envie 44, la Ressourcerie de l’île, l’Atelier du Retz Emploi, L’homme debout, collectent des objets et leur donnent une seconde vie.
  • le travail partenarial entre Nantes Métropole et l’association Compost tri. Cette dernière accompagne les habitants et les écoles de notre métropole dans la mise en place de projets de compostage partagé.

Ce que je veux souligner au travers de ces exemples, c’est la transition écologique à la nantaise que nous défendons ici. Oui, il y a derrière ces sujets, des enjeux économiques, des enjeux en terme d’emplois. Oui, il y a derrière ces sujets des enjeux sociaux, des enjeux d’égalité dans l’accès de chacune et chacun de nos citoyens dans l’accès de chacune et chacun de nos territoires à la transition qui se pose aujourd’hui devant nous.
Ici une réelle dynamique territoriale se met en place, le collectif “ Zéro déchet = 100% ressources ” que j’ai aperçu en arrivant, Rénate Schäfer notamment que je salue, en est la preuve. Il y a aujourd’hui des formes d’engagements citoyennes renouvelées, des modes de faire, de penser, de proposer qui bouleversent les codes habituels y compris de nos grandes administrations. Je crois que sur nos territoires, nous devons avoir cette capacité à saisir les talents publics, privés, citoyens, associatifs engagés dans cette démarche dans le respect du rôle de chacun, dans la complémentarité aussi des compétences des uns et des autres. Mais c’est bien à cette condition que nous pourrons faire de la question des déchets un élément d’une stratégie plus globale, un élément du passage à l’acte de l’économie circulaire.

Pour avoir au titre d’Eurocities évoqué ce sujet maintenant dans plusieurs villes et dans plusieurs pays, j’observe que derrière ces mots “ économie circulaire ” il y a parfois des réalités bien différentes. Alors oui nous devons être clairs sur les objectifs que nous définissons, sur les valeurs que nous portons. Derrière il peut y avoir un vrai projet de société, en tout cas c’est de cette manière là, à ce niveau d’ambition qu’à Nantes, à l’échelle du pays, à l’échelle européenne en lien avec les grandes villes avec lesquelles nous travaillons, nous entendons continuer à construire ces sujets.

Merci pour avoir choisi Nantes, pour contribuer, j’en suis convaincue par vos débats, vos échanges et vos analyses à nous aider pour avancer concrètement sur ces sujets majeurs pour l’avenir.