The SeaCleaners : Yvan Bourgnon à l’abordage de la pollution marine

Le Manta est son nouveau mantra. Ce bateau vertueux et innovant sur lequel planche l’association The Sea Cleaners est la figure de proue de la nouvelle vie d’Yvan Bourgnon. Car le « gladiateur des mers », présent aux prochaines Assises des déchets, s’est fixé son plus grand défi : trouver une solution viable pour collecter les déchets dans les océans.

Manta - The SeaCleaners Le franco-suisse Yvan Bourgnon a fait le tour du monde en solitaire et sans GPS sur un catamaran de sport non habitable, s’est retrouvé nez à nez avec un ours polaire de trois mètres de haut en plein milieu de la nuit et a participé aux courses à la voile les plus exigeantes. Régatier, skipper et aventurier à l’incroyable parcours, il s’est lancé depuis trois ans dans un nouveau défi : lutter contre la pollution plastique avec The SeaCleaners.

« Lors de mon tour du monde, entre 2013 et 2015, j’ai été vraiment secoué par la pollution des mers due aux plastiques. À mon retour, nous avons créé l’association pour sensibiliser le grand public à cette problématique, mais aussi pour développer un nouveau mode ambitieux de collecte en mer. Ces deux objectifs sont aussi la raison de ma participation aux prochaines Assises des déchets qui pourront donner un bel écho à ces engagements.« 

Le Manta, le plus grand navire collecteur de déchets

Les études menées par The SeaCleaners sont aujourd’hui à mi-chemin. Des appels d’offres seront prochainement lancés pour construire le premier Manta, dont la mise à l’eau est prévue pour 2023. Ce navire aux dimensions proches de 70 mètres de long et 49 mètres de large pour 3 000 tonnes sera « révolutionnaire » selon Yvan Bourgnon. Les déchets seront piégés par un système de tapis roulants plongés à un peu plus d’un mètre de profondeur. À bord, des opérateurs feront le tri entre les déchets organiques, rejetés en mer, et les plastiques recyclables, compactés et stockés pour être ramenés sur le continent.

Les plastiques non recyclables seront eux incinérés via un système de dépolymérisation catalytique afin de produire de l’électricité. Car le Manta se distingue aussi par un mode de propulsion hybride, et devrait intégrer par ailleurs deux éoliennes et 2 000 m² de panneaux solaires. Grâce à ce mix énergétique, le bateau pourra intervenir rapidement dans tous les contextes et ne revenir à terre que toutes les six à huit semaines. « Nous avons trouvé le meilleur assemblage pour parvenir à l’autonomie énergétique, et nous inventons finalement une nouvelle manière de travailler sur la mer« , explique le navigateur.

Un modèle économique vertueux… et rentable

Le navire imaginé par The SeaCleaners pourra collecter entre 5 000 à 12 000 tonnes de plastique par an. Il interviendra en priorité près des côtes, à proximité des estuaires. En effet, environ 60 % de la pollution plastique des mers provient de seulement dix fleuves, dont huit en Asie.

Les plans du Manta seront libres et open source, afin d’encourager à dupliquer l’initiative dans d’autres pays. « Si nous parvenons à une flotte mondiale de 300 bateaux, cela permettrait d’éliminer 30 % de la pollution actuelle« , souligne Yvan Bourgnon. « Nous croyons aux vertus de la mutualisation, car les brevets freinent la diffusion des avancées technologiques alors que nous devons agir rapidement contre la pollution marine. »

Pour le moment, l’association n’a sollicité aucune aide publique et finance le projet grâce à des milliers de donateurs en crowdfunding ainsi qu’une vingtaine de mécènes. Les études préalables ont également débouché sur une belle surprise : un modèle économique viable se dessine. « La construction du navire coûte aux alentours de 30 millions d’euros, mais sa durée de vie sera de 30 ans et le budget de fonctionnement est peu élevé grâce à l’autonomie énergétique. Selon nos estimations, le coût serait seulement de 350 à 500 € par tonne de plastique recyclable, alors qu’en France la collecte des poubelles jaunes coûte en moyenne 450 € la tonne !« 

En savoir plus : www.theseacleaners.org