Déchets et ressources : contraindre ou inciter ? Les Assises des Déchets au cœur des réalités des filières

« Contraindre ou inciter ? » Le fil rouge de l’édition 2019 des Assises des Déchets questionne avec acuité l’univers des déchets, en résonance certaine avec les mouvements qui agitent notre société. Réglementation nationale et expérimentation territoriale, comportements individuels et avancées technologiques : tous ces sujets seront au cœur des Assises des Déchets, les 2 et 3 octobre 2019 à Nantes. Tour d’horizon avec Thierry Meunier, Président de l’association.

 

Comment avez-vous choisi le fil rouge des prochaines Assises, que certains ont trouvé assez prémonitoire ?

Thierry Meunier : « Déchets et ressources : contraindre ou inciter ? » Le comité d’organisation a choisi ce fil rouge au début 2018, au sortir et en analyse de l’édition 2017 des Assises. Dans nos débats de Nantes, la difficulté à articuler l’objectif général qui convient à tous et le déploiement concret de l’action, avec la mise en œuvre de mesures qui contraignent les personnes ou les organisations, était clairement apparue et nous avons décidé de poursuivre cette réflexion. Et il est vrai que l’actualité nous a depuis lors et d’une certaine façon, rattrapés. Dans notre société complexe, on ne peut plus en effet se contenter d’une vision univoque ou limitée à la simpliste alternative « 0 ou 100 % » pour avancer sur les sujets de la transition énergétique et écologique. Nous avons besoin, collectivement, d’intelligence, certains diraient d’agilité, pour réussir à faire ou pour faciliter. Nous souhaitons que les Assises y contribuent, à leur échelle, en servant à la fois de catalyseur mais également d’accélérateur vers plus d’intelligence environnementale.

L’ADN des Assises reste donc concentré sur le concret ?

T14ème Assises des déchets hierry Meunier : Back to basics ! Depuis 30 ans, nous sommes dans la réalité des filières. C’est notre fonctionnement depuis toujours que de proposer les conditions d’un dialogue franc, et parfois rugueux, sur les sujets du déchet. Notre formule — des débats techniques en jour 1 et leur compte-rendu en jour 2 devant les décideurs — est entièrement pensée en ce sens. Le concret et la franchise, c’est notre marque de fabrique ! Back to basics, c’est aussi répéter que le déchet est une réalité économique, du côté du traitement comme du côté de la fabrication des produits que l’on consomme, et pour lesquels les industriels sont en première ligne. Au fil du programme de la manifestation, c’est ce large panorama qui sera exploré. Il est essentiel d’assurer la dynamique, mais aussi l’équilibre économique de filières qui ne sont pas toutes égales : certaines fonctionnent toutes seules, à l’exemple historique du verre ; tandis que d’autres, les plastiques par exemple, doivent encore être accompagnées, et l’optimisation des process ne suffira pas. Aujourd’hui, par volonté d’accélérer la prévention des ressources, il se passe beaucoup de choses du côté des industriels. Dans la chimie, par exemple, où les acteurs sont très impliqués, ils cherchent de nouveaux modèles économiques et de nouveaux matériaux. C’est encore une spécificité des Assises de proposer à ces industriels de venir présenter leurs efforts, leurs projets, voire leurs difficultés.

« Depuis 30 ans, nous sommes dans la réalité des filières. Nous proposons les conditions d’un dialogue franc, et parfois rugueux, sur les sujets du déchet. »

 

Les Assises seront aussi l’occasion de faire le point de la réglementation et sur les conditions de sa réussite ?

Thierry Meunier : La réglementation est effet un autre des basics du monde des déchets, nous passons toujours ce cadre réglementaire au crible des pratiques de terrain. Si la Loi de Transition Energétique (LTE) ou la Feuille de route sur l’économie circulaire (FREC) donnent des lignes de force, chaque filière, chaque territoire, chaque projet doit pouvoir se les approprier à son échelle. C’est là qu’il peut y avoir friction entre ce qui est pensé au niveau national ou européen et les réalités des filières et des territoires, souvent très différents et pas seulement pour leur histoire, leur caractère rural ou urbain…. C’est sur le terrain que la volonté d’impulser des dynamiques de moyen terme, prendra corps avec les différents acteurs : citoyens, industriels, élus, associations et administrations. Attention, l’éducation de tous, des comportements respectueux jusqu’à l’engagement citoyen, restent des composantes majeures si l’on veut réussir à faire beaucoup mieux en matière de préservation de nos ressources et de recyclage.  Les prochaines Assises reviendront sur ce pilier fondamental qui vaut pour toutes les générations… En matière d’exigences, l’exemple de la réduction drastique de l’enfouissement est peut-être le sujet qui provoque les débats les plus forts sur les territoires : ce sera encore un des thèmes les plus attendus d’un de nos ateliers. Les industriels et les collectivités travaillent en effet sur le terrain pour faire avancer ce sujet complexe où il y a besoin de beaucoup de créativité, de dialogue… d’intelligence territoriale ! C’est justement parce que les Régions, aidées des autres collectivités territoriales, sont au cœur des réalités de territoires que nous aurons la chance d’apprécier au fil de la manifestation, les retours d’expérience de l’Association des Régions de France (ARF), et plus particulièrement des Régions Pays de la Loire et Occitanie/Pyrénées-Méditerranée, en présence également de l’Association des Maires de France (AMF), de France Nature Environnement (FNE) et d’autres associations de référence telle que Rudologia…

« La réglementation est un des basics du monde des déchets : un cadre réglementaire que les Assises passent au crible des pratiques de terrain. »

 

Et vous relancez les « speed-meetings de l’innovation » ?

Speed Meeting InnovationThierry Meunier : Dès sa création, notre formule de « speed meeting innovation » a rencontré un vif succès, au point qu’elle est désormais copiée…  mais pas encore égalée ! Alors bien sûr nous la reprenons cette année. Les candidatures sont reçues depuis le 1er janvier, avec toujours des modalités d’inscription très simples, en ligne, sur le site internet des Assises. Nous reprenons les trois mêmes catégories (Initiatives sociétales / Prévention et recyclage / Rupture technologique et digitalisation) avec la même volonté de promouvoir des projets parmi tous ceux qui foisonnent autour de la FREC. Nous ne choisirons pas au regard des moyens mis en œuvre, mais bien plus  en fonction de l’originalité et de la valeur d’exemplarité des projets, initiatives ou réalisations. Nous continuons d’ailleurs de suivre les projets présentés en 2017, et notamment les 3 lauréats. Tous nous ont dit que leur présentation aux Assises a boosté leur aventure, que le regard des professionnels qu’ils y ont rencontrés leur a permis de progresser en pertinence et en opérationnel. Nous espérons que cette année nous permettra de promouvoir et de mettre en lumière des idées et des projets d’aussi bonne qualité.