« Une période charnière, marquée par les évolutions technologiques et la mobilisation des acteurs »

Partenaire historique des Assises nationales des déchets, Veolia est au plus près des enjeux sociétaux et technologiques de la filière. Rencontre avec Anne Le Guennec, directrice générale des activités Recyclage et Valorisation des déchets du groupe en France.

 

« Déchets et ressources : contraindre ou inciter », comment le groupe Veolia s’inscrit-il dans le fil rouge des Assises ?

Inciter me semble toujours préférable à contraindre. C’est une forme de responsabilisation. Nous le constatons dans les démarches que nous avons initiées sur la redevance incitative et la rémunération de l’apport des déchets triés. Nous sommes par exemple partenaires de Yoyo, une société qui incite les citoyens à rapporter les bouteilles en plastique contre récompense. La démarche crée du lien tout en favorisant le geste citoyen. Mais contraindre peut aussi être nécessaire. Par exemple dans l’utilisation de la matière première recyclée par les entreprises. C’est une condition sine qua non pour créer de la demande. Nous poussons aujourd’hui beaucoup d’initiatives d’intégration de matières premières recyclées dans la production. Elles ne pourront se systématiser et prendre toute leur ampleur que si la différence de prix avec la matière vierge décroît significativement, structurellement et durablement, et si la demande est, elle aussi, durablement là. L’équilibre des business models est indispensable pour qu’en tant qu’opérateur, nous puissions continuer à innover, à aller plus loin.

La dynamique est-elle positive ?

Nous sommes en effet dans une période charnière. Les choses bougent avec une vraie volonté en faveur du recyclage, tant de la part des autorités publiques que des citoyens, des opérateurs et des industriels de tous les secteurs. De plus en plus d’entreprises s’engagent à recycler davantage ou à utiliser plus de matières recyclées.

Le recyclage est en plein essor et entre de plus en plus dans les mœurs, mais la valorisation énergétique – que vous défendez – continue de faire débat…

La valorisation énergétique est un élément clé pour progresser en matière de performance environnementale, puisque quasiment deux tiers des déchets produits par les Français ne sont pas encore recyclables. Les technologies ont beaucoup évolué, et on peut aujourd’hui réellement considérer les déchets comme une source d’énergie renouvelable. Une étape majeure est en passe d’être franchie avec les appels à projets pour la valorisation des CSR (Combustibles Solides de Récupération), ces déchets dont on a retiré la fraction recyclable mais que l’on peut encore valoriser énergétiquement. Si ces appels à projets ont été lancés par les pouvoirs publics, c’est parce qu’il y a aujourd’hui une vraie convergence de vue des différentes parties prenantes sur l’opportunité de s’engager en ce sens.

Robots, éco-conception : Veolia mise beaucoup sur la recherche et l’innovation ?

Oui, c’est notamment le cas pour l’optimisation de nos centres de tri qui passe par l’intégration de robots recourant aux technologies de tri optique, de tri télé-opéré et plus récemment à l’Intelligence Artificielle (IA) comme dans notre centre de tri-valorisation d’Amiens. Un robot-trieur y utilise l’IA pour identifier, trier et séparer les déchets, améliorant la productivité et la finesse du tri en même temps que la sécurité de nos agents.

Également, nos recherches nous amènent à repenser l’intégration de la chaîne de valeur et à optimiser le tri à la source et les modes de collecte. C’est ainsi que s’est développé par exemple le projet Waste Box, une plateforme digitale de collecte des déchets du secteur du BTP.

Enfin, nous innovons aussi en amont de la chaîne comme avec le programme (RE)SET, en partenariat avec des groupes de la grande distribution. Il s’agit d’un appel à projets pour identifier et développer des solutions innovantes encourageant à réduire le plastique à usage unique dans les emballages et privilégier l’éco-conception.

 

Veolia aux Assises nationales des déchets 2019, mercredi 2 octobre à Nantes :

Atelier 3 : « Quels progrès en matière de valorisation énergétique ? »
Atelier 8 : « REP à tous les étages »