Le numérique : un outil décisif pour structurer la filière

Comment le numérique peut-il aider les collectivités et les industriels à doper la compétitivité et le recyclage ? Tel était l’enjeu de l’atelier 4 des Assises, mercredi 2 octobre, dans un contexte où le recyclage reste plus onéreux que l’élimination par la valorisation énergétique et l’enfouissement. Et les réponses sont à chercher du côté des plateformes et des logiciels innovants, plus que des robots sophistiqués…

Durant cet atelier particulièrement suivi, des témoignages de collectivités ont montré que le numérique a apporté un certain nombre d’avancées dans la gestion des déchets. Nantes Métropole a par exemple expliqué comment le géoguidage permet un suivi en temps réel du remplissage des conteneurs et donc un meilleur relationnel avec ses administrés. Mais aussi comment la robotisation dans les centres de tri assiste les agents dans des tâches souvent pénibles… sans pour autant supprimer les postes.

« Tinder des déchets » et traçabilité

Côté industriel, des algorithmes permettent d’aller plus loin pour tenter de capter les gisements de déchets. Où sont-ils, quelle est leur taille et, à terme, leur qualité ? Répondre à ces questions, c’est créer une offre… La société iNex Circular, parfois qualifiée de « Tinder des déchets » !, a ainsi présenté iNex Sourcing, sa plateforme permettant aux recycleurs d’entrer plus rapidement en contact avec les entreprises qui possèdent la matière qui les intéresse, grâce à un système basé sur le big data et le web scraping.

Ce qui mène tout logiquement à une thématique décisive : celle de la traçabilité. Trackdéchets, service numérique de l’État incubé à la Fabrique Numérique du ministère de la Transition écologique et solidaire, travaille sur le pistage des déchets dangereux avec des bordereaux dématérialisés. Son utilisation est pour l’heure basée sur le volontariat mais pourrait, à l’avenir, devenir la norme avec un gain à la fois sur la fiabilité et la sécurisation des données par rapport aux bordereaux papier.

Vers un Comité national pour la traçabilité des déchets ?

En termes d’Écologie Industrielle et Territoriale, « l’usine à start-up » spécialisée dans les secteurs du développement durable Strane Innovation a relevé que l’Europe est, à l’échelle mondiale, largement leader en création de logiciels dédiés. Ceux-ci peuvent prendre la forme d’outils d’identification de synergies, de plateformes de substitution, de mutualisation ou de portails généraux d’information. La France, en particulier, est à la pointe bien qu’il reste encore à imaginer des systèmes plus performants, pour que le déchet d’une entreprise puisse plus aisément servir de ressource à une autre localement.

Un vocabulaire commun…

Pour aller dans ce sens — celui de l’économie circulaire —, trouver un vocabulaire commun de classification des déchets va s’avérer décisif dans les prochaines années. L’idée est d’avoir une base de données claire pour tous les acteurs, qui fait défaut actuellement et qui rendra les outils numériques (logiciels, plateformes, applications…) d’autant plus efficaces. Pourquoi donc ne pas créer un Comité national pour la traçabilité des déchets, porté par exemple par la branche numérique du CSF Valorisation industrielle des déchets ? La question a été posée par une personne dans le public et semblait séduire les intervenants.